Jonas J. puise son inspiration dans sa curiosité tenace pour la nature humaine : sans jamais pouvoir la définir, il tente d’en saisir les contours en l’approchant par ce qu’elle a de plus énigmatique et de plus sombre.
Il n’est guère surprenant qu’il privilégie les lumières mélancoliques de l’hiver et ses décors fanés qui eux seuls lui permettent de suggérer la présence par l’absence. Il instille dans sa photographie une sensation de présence humaine, presque fantomatique, comme si le souvenir prenait chair. Cette trace mémorielle, entre fiction et réalité, lui inspire le début d’une narration que le spectateur, seul face à lui-même, est invité à s’approprier.

Au son des épisodes hypnotisants de l’émission radiophonique « Affaires sensibles », il se laisse porter le long des routes sinueuses et distingue, par la fenêtre, la sombre poésie des paysages endormis et de l’âme humaine. Au fil de cette errance surgissent des rencontres. Fugaces mais toujours singulières, elles donnent lieu à un clair-obscur intimiste, témoin muet d’un dialogue engagé entre deux personnages un peu perdus, chacun à leur manière.

Le travail photographique de Jonas J dépeint un univers embrumé, épais et silencieux, où les sons semblent absorbés par leur environnement. Une chromie aux teintes froides et délavées accentue cette atmosphère mystérieuse et dramatique. Ainsi une large place est-elle laissée à la suggestion et au récit intérieur.